Qu'est-ce que l'ostéopathie ?
Définition brève de l'ostéopathie
L’ostéopathie est une thérapie corporelle manuelle qui considère l’Homme dans sa globalité. Elle estime que pour pouvoir fonctionner de façon harmonieuse et se maintenir en bonne santé, le corps et les différentes structures qui le composent doivent être parfaitement mobiles.
D’après l’OMS (organisation mondiale de la santé), « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». L’ostéopathie s’inscrit dans ce cadre-là : elle se veut préventive avant tout et intervient dans le but de maintenir les capacités du corps à rester en santé, en lui permettant de s’adapter et s’équilibrer au mieux face aux différentes contraintes qui se présentent à lui. Pour cela, l’ostéopathe recherche et traite les éventuelles zones du corps où la mobilité est restreinte pour leur permettre de retrouver un mode de fonctionnement optimal. Ce travail peut être fait en l’absence de symptômes mais, la plupart du temps, ce sont les symptômes dont souffre le patient qui l’amènent à consulter un thérapeute.
Même si le motif de consultation est un symptôme, l’ostéopathe cherchera à traiter le patient dans sa globalité plutôt que le symptôme isolé.
Ainsi, l’ostéopathie s’attache à rechercher la cause des maux du patient en considérant le symptôme comme un signal envoyé par le corps pour signifier que quelque chose ne fonctionne pas correctement. Elle ne cherche donc pas à faire taire immédiatement le « symptôme-signal » mais en tient compte et peut s’en servir de guide, à la recherche de la cause originelle de celui-ci.
Les grands principes de l'ostéopathie
L’ostéopathie s’appuie sur quelques grands principes, déjà en partie évoqués précédemment. Nous les détaillons un peu plus ici.
Globalité et unité du corps
Les différentes structures qui composent le corps humain sont toutes reliées les unes aux autres, notamment par le biais des fascias.
A la lumière de cela, l’ostéopathie envisage le corps dans son ensemble et non comme une somme d’unités structurelles qui fonctionneraient séparément les unes des autres.Tout mouvement ou contrainte exercée sur une partie du corps entraîne des mécanismes d’adaptation qui se répercutent sur l’ensemble du corps.
Prenons l’exemple de la respiration : si vous prêtez attention à celle-ci, vous pouvez sentir qu’elle ne mobilise pas uniquement le bas de votre cage thoracique mais aussi votre ventre, l’ensemble de vos côtes, votre sternum, vos clavicules, vos épaules, votre colonne vertébrale, votre bassin, votre tête, et peut-être même vos membres… Vous avez du mal à le sentir ? C’est tout à fait normal ! Ce mouvement est très subtil. Pour autant, il existe bel et bien. N’hésitez pas à amplifier votre respiration et même à vous allonger sur le dos, en étant le plus relâché possible, pour faciliter la perception du mouvement : vous pourrez alors plus aisément sentir que votre corps se mobilise délicatement sur le support qui le soutient. A l’inspiration le corps a tendance à se grandir et à s’ouvrir vers l’extérieur tandis qu’à l’expiration il tend à se replier sur lui-même.
Prenons un deuxième exemple pour mettre en évidence qu’aucune structure ne peut modifier sa façon de fonctionner de manière isolée dans le corps, sans avoir un impact sur l’organisation générale de ce dernier. Lorsque vous voulez soulever une jambe du sol, comme c’est le cas dans la marche, vous ne sollicitez pas uniquement la jambe qui se soulève. Le reste de votre corps doit s’adapter pour trouver des points d’appui et s’équilibrer. Si ce n’est pas le cas, c’est la chute assurée !
Ainsi, l’ostéopathie s’appuie sur l’idée que le dysfonctionnement d’un seul élément corporel influencera et pourra altérer le fonctionnement global du corps. Toute modification de fonctionnement d’une structure entraînera des mécanismes d’adaptation au niveau du corps. Ces mécanismes se mettent en place de manière automatique et priorisent, tant que possible, l’éviction de la douleur, un faible coût en énergie pour le corps ainsi que le maintien du regard (et des oreilles) à l’horizontale (puisque l’équilibration se fait en grande partie grâce aux informations sensorielles provenant de l’œil et de l’oreille interne). En théorie les adaptations du corps se font et se défont au gré des différentes contraintes rencontrées. Malheureusement, le corps n’arrive pas toujours à mettre en place ces adaptations « idéales » et des dysfonctionnements peuvent s’installer de façon plus durable dans le corps, augmentant sa dépense énergétique ou provoquant chez lui certaines douleurs.
Relation entre structure et fonction
D’après A.T. Still, père fondateur de l’ostéopathie, « la structure gouverne la fonction ». Par le terme de structure, on désigne les différents éléments anatomiques qui constituent le corps (os, muscles, ligaments, organes, vaisseaux, nerfs…). Le terme de fonction désigne quand à lui les rôles physiologiques que ces éléments ont dans le corps (stabilisation, mouvement, digestion, respiration, circulation, information…).
Pour pouvoir fonctionner de façon optimale, chaque élément corporel doit posséder une structure parfaitement saine, c’est-à-dire que celle-ci ne doit pas être le siège de maladies ou de lésions, au sens médical du terme. Les ostéopathes ajouteraient à cela que la structure ne doit pas non plus être le siège de dysfonctions, c’est-à-dire qu’elle doit être totalement mobile dans ses différents paramètres de mouvements, aussi bien en termes d’amplitude que de fluidité de mouvement.
La notion de dysfonction ostéopathique se situe à mi-chemin entre la pleine santé et le début de la pathologie. Il s’agit de la première étape dans la dégradation de la santé, avant de potentiellement basculer dans la maladie. Ainsi, l’ostéopathie agit sur des structures saines anatomiquement mais dont la fonction a été altérée. Le fait de rendre aux structures une meilleure mobilité leur permet de retrouver un fonctionnement plus harmonieux et de se rapprocher de l’état de pleine santé.
En parallèle, on peut dire que la fonction modèle la structure, c’est-à-dire que la structure du corps se forme et se modifie en fonction de l’utilisation que l’on en a. Selon les tractions musculaires et fasciales qui s’exercent sur le squelette, celui-ci pourra présenter des protubérances plus ou moins importantes, se solidifier en certains points, modifier sa forme initiale… Ceci est particulièrement visible chez le nourrisson et pendant les périodes de croissance mais ce phénomène se perpétue, plus subtilement, tout au long de la vie. Par exemple, l’allaitement au sein demande au nourrisson un travail musculaire important lors de la succion-déglutition et nécessite un positionnement spécifique de la mâchoire du bébé en protrusion (menton avancé). Ce phénomène « donne la direction » à la croissance de la face, du palais, du crâne du bébé et aurait une incidence sur l’organisation globale de son corps. Plus tard dans la vie, les activités sportives pratiquées de façon régulière mais aussi les gestes et la posture adoptés au quotidien continuent d’influencer la structuration du corps et les éventuelles « déformations » qui en découlent ont tendance à s’aggraver avec le vieillissement, si rien n’est fait pour modifier l’utilisation que l’on a de la structure corporelle.
Capacités d'auto-régulation du corps : l'homéostasie
L’ostéopathie s’appuie sur l’idée que le corps contient en lui sa propre « pharmacie ». Il est capable de produire toutes les substances et les réactions nécessaires au maintien de son équilibre interne, garantissant la préservation de sa santé. C’est ce qu’on appelle l’homéostasie. Cette « constance » dans le milieu intérieur passe notamment par le contrôle de la température et de la pression interne du corps, le contrôle du taux des divers éléments circulant dans le sang comme le taux de sucre ou encore le contrôle du pH (degré d’acidité).
L’ostéopathie se base également sur le concept que la vie est mouvement. Ainsi, pour permettre à l’organisme de rester en vie (et en santé), l’ostéopathe travaillera sur la mobilité des différents tissus qui le composent, dans l’idée de permettre à chacun d’eux d’effectuer les fonctions qui leur sont allouées afin de perpétuer le phénomène d’homéostasie
Ce phénomène est garanti par l’action synergique de plusieurs systèmes qui permettent aux différents constituants du corps de communiquer et d’échanger entre eux :
- Le système nerveux : il s’agit du système principal d’information de l’organisme. Le système nerveux périphérique capte un certain nombre de renseignements sur ce qui se passe à l’extérieur et à l’intérieur du corps. Il transmet ces renseignements au système nerveux central (cerveau et moelle épinière) pour que ceux-ci soient traités afin d’y apporter une réponse adaptée. Cela peut se faire de façon consciente (système nerveux somatique) ou non (système nerveux autonome).
- Le système hormonal (ou endocrinien) : il est important de noter qu’il existe un autre système de transmission de l’information du système nerveux central vers les cellules. Il s’agit du système hormonal, qui est très en lien avec le système nerveux autonome. Ils se chargent tous deux d’activer ou d’inhiber l’activité des cellules de façon inconsciente. La différence entre ces deux systèmes réside dans le mode de transmission des informations : transmission « électrique » pour le système nerveux et transmission chimique via la mise en circulation d’hormones dans le sang pour le système endocrinien.
- Le système circulatoire : il s’agit d’un système de transport. Il correspond à l’appareil cardio-vasculaire, composé du cœur et des vaisseaux artériels et veineux, très en lien avec l’appareil respiratoire, auquel on peut ajouter le système lymphatique. Le liquide qui circule dans le corps est appelé plasma. Il entre dans la constitution du sang et de la lymphe et sert de « support » pour transporter tous les éléments nécessaires à la vie des différentes cellules (oxygène, nutriments…). De plus, il se charge de récupérer les déchets issus de l’activité cellulaire pour qu’ils puissent être éliminés (dioxyde de carbone, débris cellulaires et autres déchets métaboliques). Il permet également de transporter des hormones (messagers chimiques qui activent ou inhibent le fonctionnement de certaines cellules) ainsi que les cellules du système immunitaire qui protègent le corps des « attaques extérieures » (virus, bactéries pathogènes…). Les échanges entre les vaisseaux et les cellules passent par un intermédiaire que l’on appelle liquide interstitiel (liquide dans lequel baignent les cellules).
D’après Andrew Taylor Still, père fondateur de l’ostéopathie, « la règle de l’artère est suprême ». Il entend par là que pour pouvoir se maintenir en santé, il faut que la circulation du sang artériel (et plus largement du plasma et du liquide interstitiel) se fasse librement dans chacune des différentes parties du corps. Cette circulation libre des liquides passe par la libre mobilité des différents tissus. Si une zone du corps ne bouge pas librement, le liquide a tendance à y stagner et ne peut être renouvelé (phénomène de congestion), ce qui met en danger la santé des cellules. Ce principe de libre circulation des liquides, soutenu par A.T. Still, est également applicable à la libre circulation des informations nerveuses. Ainsi, l’ostéopathie cherchera à redonner de la mobilité aux tissus qui en auront perdu, dans l’objectif de permettre la libre circulation à la fois des liquides et des informations nerveuses, afin de permettre au corps de rétablir de lui-même son équilibre interne.
On peut ajouter aux différents systèmes précédemment cités d’autres éléments qui participent à l’homéostasie, sur lesquels l’ostéopathe portera particulièrement son attention (mais il faut bien saisir qu’au final chacune des cellules du corps collabore, à son niveau, à ce phénomène) :
- Les liquides contenus dans les diverses cavités du corps : en plus du plasma qui circule dans l’ensemble de l’organisme, le corps contient de nombreux liquides, non circulants, qui baignent ses différentes structures afin de les nourrir, de les protéger et de faciliter la mobilité des divers éléments les uns par rapport aux autres. Pour exemple, on peut citer le liquide céphalo-rachidien (liquide contenu à l’intérieur du crâne et de la colonne vertébrale, dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière), le liquide synovial (liquide contenu dans certaines articulations), le liquide péritonéal (liquide contenu dans la cavité abdominale, entourant les différents viscères digestifs)…
- Les émonctoires : ce sont les différents organes qui permettent d’évacuer, dans l’environnement extérieur, les déchets accumulés à l’intérieur du corps. Ils nous permettent ainsi de « vider nos poubelles », via l’émission de divers fluides. Il s’agit principalement :
- de la peau : élimination des déchets via la sudation.
- des poumons : élimination du CO2 lors des expirations et évacuation d’autres déchets par expectoration de mucus sécrété dans les voies aériennes.
- du foie : il sécrète la bile qui permet non seulement de digérer les graisses mais également d’éliminer certaines substances toxiques (alcool, médicaments et autres drogues, bilirubine issue de la destruction des globules rouges, excès de cholestérol…). Tous ces éléments dont le corps doit se débarrasser sont envoyés dans l’intestin pour être éliminés via l’émission de selles.
- des intestins : élimination des selles qui contiennent les déchets récupérés par la bile mais aussi tout ce que l’appareil digestif n’a pas pu digérer des aliments ingérés.
- des reins : ils éliminent les déchets contenus dans le sang en filtrant celui-ci pour produire l’urine.
Certains facteurs environnementaux peuvent venir perturber l’équilibre interne du corps et potentiellement mettre en danger la santé du patient, si ceux-ci ne sont pas contrôlés. Il s’agit de ce qu’on peut appeler des facteurs de stress, au sens large du terme. Ces facteurs négatifs peuvent être :
- physiques (traumatismes, opérations chirurgicales, manque de sommeil ou d’activité physique, pollution sonore…)
- chimiques (alimentation mal équilibrée, consommation de substances toxiques telles que l’alcool, le tabac, la drogue ou encore les médicaments, pollution atmosphérique, virus…)
- climatiques (vent, froid/chaleur, humidité/sécheresse, changements météorologiques brusques, climatiseur mal réglé…)
- électro-magnétiques (exposition aux rayonnements émis par les divers appareils électriques qui nous entourent…)
- relationnels ou sociaux (décès d’un proche, conflit avec l’employeur, divorce…)
- etc.
A ces facteurs externes, on peut ajouter un facteur interne qui peut avoir, selon les cas, un effet aussi bien positif que négatif sur l’homéostasie : il s’agit de l’état d’esprit, c’est-à-dire la teneur des pensées que l’on entretient en soi. Les émotions ressenties dans le corps découlent de ces pensées et en constituent la manifestation « physico-chimique ». Un état d’esprit négatif aura tendance à affaiblir les capacités d’auto-régulation du corps, et ce, indépendamment de toute influence extérieure.
Ainsi, l’action seule de l’ostéopathe, ou de tout autre thérapeute ou professionnel de santé, ne saurait être suffisante. Le patient doit se prendre en charge lui-même, en cherchant, dans la mesure du possible, à gérer au mieux les différents facteurs négatifs qui s’exercent sur lui, afin d’aider son propre corps à maintenir son équilibre interne. Il devra notamment se questionner sur plusieurs éléments de sa vie quotidienne qui doivent être présents en quantité et en qualité pour lui permettre d’être en santé : le repos, l’alimentation, le mouvement, la respiration, l’état d’esprit.
Il est important de noter que les capacités du corps à s’auto-guérir sont limitées en cas de maladie installée, de malformation, de lésion ou encore de dégénérescence structurelle. Dans ces cas-là, l’ostéopathie ne pourra pas prétendre guérir le patient mais pourra être un accompagnement complémentaire à la médecine conventionnelle pour améliorer le confort du patient et stimuler au mieux sa vitalité.
L'ostéopathie en pratique
Déroulement d'une séance d'ostéopathie
Lors d’une séance d’ostéopathie, le praticien cherche à récolter un nombre important d’informations. Ce recueil d’informations présente plusieurs objectifs :
- déterminer si le cas peut ou non être pris en charge en ostéopathie (éventuel diagnostic d’exclusion) et réorienter le patient, si nécessaire, vers un autre thérapeute ou professionnel de santé ;
- définir s’il y a des contre-indications à la pratique de certaines techniques ostéopathiques ;
- guider le thérapeute vers son diagnostic ostéopathique ;
- pouvoir apporter certains conseils au patient, notamment sur l’amélioration de son mode de vie.
Recueil d'informations
L’ostéopathe va utiliser plusieurs outils pour pouvoir récolter les informations dont il a besoin :
- l’anamnèse : il s’agit de la « première phase » de la séance d’ostéopathie. L’ostéopathe interroge son patient afin d’obtenir un maximum d’informations sur son mode de fonctionnement, son mode de vie, son environnement. Il cherche à connaître les différentes contraintes qui s’exercent ou ont pu s’exercer sur lui par le passé, en s’intéressant notamment aux activités qu’il pratique, à ses antécédents traumatiques (qu’ils soient physiques ou psychiques), médicaux et chirurgicaux. L’ostéopathe cherche à « cerner » le patient dans sa globalité, c’est pourquoi l’interrogatoire ne porte pas uniquement sur le motif de consultation mais sur l’ensemble du corps afin de mettre en évidence d’éventuels autres dysfonctionnements. Ainsi, l’ostéopathe cherchera l’existence de douleurs ou de troubles fonctionnels pouvant porter sur les diverses parties du corps (tête, tronc, membres), les différents systèmes et appareils (nerveux, hormonal, immunitaire, circulatoire, respiratoire, digestif, urinaire, génital, locomoteur), avec une attention particulière portée sur les émonctoires (peau, poumons, reins, foie, intestins) dont nous avons parlé dans le chapitre sur l’homéostasie.
- l’observation du patient : la « 2ème phase » de la séance d’ostéopathie démarre en réalité dès la rencontre du patient dans la salle d’attente. L’ostéopathe observe minutieusement (et discrètement !) la façon dont le patient se tient et se mobilise. Puis, une fois l’anamnèse terminée, le patient se met en sous-vêtements afin de pouvoir affiner l’observation. L’ostéopathe s’intéresse d’abord à la posture « statique » du patient puis lui demande de réaliser un certain nombre de grands mouvements afin de noter d’éventuelles diminutions d’amplitude, difficultés à faire les mouvements ou encore douleurs.
- les tests médicaux : si l’ostéopathe suspecte une lésion structurelle ou une pathologie organique, il sera amené à réaliser un certain nombre de tests médicaux, dans le but de déterminer s’il doit réorienter le patient, de façon plus ou moins urgente selon les cas, vers un professionnel de santé. Dans certains cas (non graves et non urgents d’un point de vue médical), même si la pathologie n’est pas écartée, l’ostéopathe pourra considérer qu’une prise en charge ostéopathique adaptée n’est pas contre-indiquée. Il pourra conseiller au patient de consulter ensuite son médecin afin de réaliser des examens complémentaires ou de bénéficier d’une prise en charge pluri-disciplinaire, par exemple.
- les tests ostéopathiques de mobilité : l’ostéopathe réalise un certain nombre de tests, à l’aide de ses mains, allant de tests très généraux à des tests plus spécifiques, dans le but de déterminer les zones du corps qui posent problème, d’un point de vue fonctionnel. Les informations récoltées dans l’anamnèse et dans l’observation du patient lui permettent de cibler plus rapidement les points à investiguer plus spécifiquement. Par ses tests, l’ostéopathe va mettre en évidence ce que l’on appelle des dysfonctions ostéopathiques. Il s’agit d’une restriction de mouvement en terme d’amplitude et/ou de qualité, pouvant toucher les différents tissus, à diverses profondeurs du corps (et non pas seulement les articulations comme l’imaginent parfois certains patients). L’ostéopathe va devoir hiérarchiser les différentes dysfonctions et chercher à déterminer celle(s) qui prime(nt) sur les autres.
Traitement ostéopathique
Une fois les informations récoltées et l’ensemble des tests réalisés, l’ostéopathe, s’il estime qu’une prise en charge ostéopathique est adaptée au cas du patient, va devoir mettre en place une stratégie de traitement.
Principes généraux du traitement ostéopathique :
- Recherche et traitement de la cause du déséquilibre : le traitement ostéopathique ne se veut pas symptomatique (dans le sens où il ne cherche pas à « faire taire le symptôme ») mais vise une rééquilibration globale du corps qui permettra à ce dernier d’aller mieux.
- Restauration de la mobilité des différents tissus : l’ostéopathe utilise ses mains, et uniquement ses mains, pour redonner une meilleure amplitude et une meilleure qualité de mouvement aux structures qui le nécessitent, afin de leur redonner de meilleures capacités de fonctionnement et d’adaptation face aux diverses contraintes. L’ostéopathe travaille essentiellement sur ce que l’on appelle les micro-mouvements, c’est-à-dire sur les mouvements de glissement qui surviennent entre deux tissus selon les différents plans de l’espace et qui ne sont pas sous contrôle de la volonté. Lorsqu’on mobilise notre corps comme dans la marche par exemple ou simplement lorsque l’on respire, ceci vient mobiliser les différentes structures situées à l’intérieur du corps. Pour que le mouvement soit fluide, elles doivent pouvoir glisser librement les unes sur les autres.
Les différents types de techniques de correction ostéopathique :
L’ostéopathe possède dans sa « boîte à outils » un grand nombre de techniques différentes qu’il pourra combiner et adapter en fonction des besoins et des réactions de son patient au fur et à mesure du déroulement du traitement. Il choisira d’utiliser les techniques qui lui semblent les plus appropriées au cas du patient, selon son âge, son état général, les éventuelles contre-indications à la pratique de certaines techniques, l’intensité de sa douleur, les tissus concernés par la dysfonction, le degré « d’ancrage » de la dysfonction… Voici un petit récapitulatif, non exhaustif, des différents types de techniques qu’un ostéopathe peut utiliser, en se souvenant que le point commun à toutes ces techniques réside dans la restauration de la mobilité :
- Techniques directes ou indirectes : lorsqu’une structure se mobilise bien dans un certain sens mais pas dans l’autre, deux stratégies peuvent être mises en place pour lever sa dysfonction, soit la « forcer » à aller dans le sens où elle ne va pas bien (technique de correction directe), soit exagérer sa mobilité dans le sens où elle va bien jusqu’à obtenir une certaine normalisation des tensions des tissus adjacents qui empêchaient sa libre mobilisation (technique de correction indirecte). Selon les cas, les deux types de techniques peuvent être combinés.
- Techniques « où on fait craquer les articulations » et techniques « douces » : le sujet du craquement articulaire est un sujet qui divise beaucoup de patients. Certains pensent qu’il est indispensable à l’efficacité du traitement, quand d’autres le craignent énormément, l’associant à une certaine dangerosité de la technique ou s’imaginant que ce sont les os-mêmes qui craquent ou le cartilage qui s’effrite. Dans les deux cas, ces préjugés sont faux. Certaines techniques articulaires utilisées en ostéopathie créent un changement rapide de pression dans l’articulation, ce qui peut provoquer ce fameux craquement, mais celui-ci n’est pas systématique et sa présence ou son absence ne présupposent en rien de l’efficacité ou de l’échec de la technique. Ces techniques sont réalisées dans de très faibles amplitudes et très rapidement : on parle de techniques HVLA (= high velocity-slow amplitude) ou de techniques de thrust, et dans le langage courant, le terme de « manipulation » est souvent utilisé pour désigner ce type de techniques. Lorsqu’il réalise une technique HVLA, le thérapeute effectue un mouvement assez brusque, qui peut être impressionnant pour celui qui est manipulé, mais ce geste se veut extrêmement précis et utilise un minimum de force, ce qui le rend sécuritaire pour le patient. En « opposition » aux techniques HVLA, on trouve les techniques, que le langage courant qualifie de « techniques douces », qui regroupent en réalité une multitude de techniques différentes pouvant s’appliquer sur les divers tissus du corps.
- Techniques de mobilisation et techniques d’écoute : l’ostéopathe peut venir mobiliser les diverses structures corporelles les unes par rapport aux autres, de différentes manières. Il peut agir via des techniques de manipulation HVLA, décrites précédemment, mais également par des mobilisations dynamiques, explorant les différents paramètres spatiaux du mouvement de façon rythmique, ou bien par des mises en tension tissulaire maintenues jusqu’à obtention d’un relâchement. Outre la mobilisation des structures les unes par rapport aux autres, il existe ce qu’on appelle des techniques d’écoute tissulaire. L’ostéopathe s’intéresse alors, non plus à la mobilité mais à la motilité du tissu, c’est-à-dire au mouvement qui se passe à l’intérieur-même de celui-ci (et non plus le mouvement de celui-ci par rapport aux tissus environnants). Ce type de technique fait grandement appel à l’énergie interne du patient, plus qu’à celle du thérapeute, ce qui est totalement en accord avec le principe d’auto-régulation du corps. L’ostéopathe sert simplement de guide pour amener le patient à « s’auto-corriger » en faisant appel à sa propre énergie. Il faut donc que l’énergie disponible chez le patient soit suffisante si l’on veut être efficace avec ce type de techniques. Si ce n’est pas le cas, l’ostéopathe privilégiera l’utilisation de techniques où il apportera lui-même plus d’énergie, c’est-à-dire des techniques de mobilité. Lorsqu’il réalise une technique de motilité, le thérapeute « écoute » les tissus à l’aide de ses mains, il se place essentiellement comme récepteur de l’information, ce qui explique qu’il ne bouge que très peu ses mains. Certains patients ont de ce fait tendance à penser que ces techniques sont « magiques » ou au contraire que l’ostéopathe ne fait rien et qu’il ne se passe rien sous ses doigts. Chaque patient est différent et sera plus ou moins réactif à tel ou tel type de techniques, selon sa sensibilité propre et selon son énergie disponible au moment de la séance d’ostéopathie.
- Techniques actives et techniques passives : dans la plupart des techniques ostéopathiques, le patient est passif, c’est-à-dire que c’est l’ostéopathe qui manipule ou mobilise le patient. Ce dernier doit simplement chercher à être le plus relâché possible afin de faciliter le travail du thérapeute, ce qui sous-entend qu’il doit pouvoir se sentir en confiance avec son ostéopathe. Mais il existe quelques techniques où le patient devient actif. Il s’agit de techniques qui font appel à des contractions musculaires dans le but de mobiliser une structure ou d’obtenir un relâchement tissulaire. Précisons que, si le patient est globalement plutôt passif durant la séance d’ostéopathie, il nous semble important que celui-ci reste mentalement présent et à l’écoute de ses sensations corporelles durant la séance. De plus, il doit être véritablement acteur de sa santé en mettant en place les éléments nécessaires à l’entretien de cette dernière. Ceci commence par la mise en application des conseils donnés par les différents thérapeutes rencontrés.
- Travail de différents tissus avec différentes visées : l’ostéopathie peut s’appliquer sur les différents types de tissus du corps, à différentes profondeurs. On parle ainsi souvent d’ostéopathie ostéo-articulaire (ou structurelle), myo-fasciale, viscérale ou encore crânienne. Il appartient à l’ostéopathe de préciser le ou les tissus impliqués dans la problématique du patient. De plus, en travaillant sur un même tissu, l’intention du thérapeute peut varier. Il peut viser une libération purement mécanique de la structure ou bien chercher à améliorer la circulation des liquides ou des informations nerveuses localement.
Informations pratiques (données à titre indicatif)
- Durée d’une séance : environ ¾ d’heure (durée qui peut bien sûr varier selon les cas et qui se situe souvent dans une fourchette allant de 30 minutes à une heure).
- Tarif : les honoraires des ostéopathes sont librement fixés, ils se situent en principe dans une fourchette allant de 40 à 80 euros la séance. Au cabinet d’ostéopathie de la Pagère, le tarif d’une séance est de 60 € pour les adultes et de 50 € pour les mineurs (adolescents, enfants, bébés).
- Remboursement : les séances d’ostéopathie ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale. Elles ne le sont pas non plus par la CMU. Sachez que, si votre médecin vous a prescrit des séances d’ostéopathie, elles ne seront pour autant pas remboursées par la Sécurité sociale. En revanche, de nombreuses mutuelles complémentaires remboursent tout ou partie des séances d’ostéopathie. Cliquez ici pour consulter une liste, non exhaustive, des complémentaires santé qui prennent en charge l’ostéopathie. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de la vôtre, si vous ne la trouvez pas dans la liste.
- Ordonnance médicale : les ostéopathes sont considérés comme des thérapeutes de première intention, ainsi vous n’avez pas l’obligation d’aller voir votre médecin avant de consulter un ostéopathe. Aucune ordonnance médicale n’est nécessaire pour pouvoir bénéficier de séances d’ostéopathie.
- Nombre de séances nécessaires : le nombre de séances nécessaires pour « venir à bout d’un symptôme » est très variable selon les cas. Si le cas est aigu et ponctuel, il faudra en général de 1 à 3 séances, espacées chacune d’environ 3 semaines pour laisser le temps au corps de faire son travail d’équilibration. Comme expliqué précédemment, l’ostéopathie se veut préventive : idéalement il faudrait consulter avant de développer des symptômes aigus. Ainsi, je vous conseille de réaliser un bilan préventif 1 ou 2 fois par an. Pour les patients souffrant de douleurs chroniques, atteints de pathologies lourdes ou de handicap et pour les patients qui subissent des contraintes importantes, du fait de leur activité professionnelle ou sportive par exemple, il faudra envisager de mettre en place un « entretien » plus régulier : peut-être une séance par trimestre ou même plus fréquemment. Chaque patient doit trouver le rythme qui lui convient et qui lui permet de se sentir le mieux possible dans son corps.
- Effets secondaires : comme tout traitement, l’ostéopathie peut avoir des effets secondaires. Ceux-ci sont passagers et sans gravité. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Qui peut consulter un ostéopathe et pourquoi ?
L’ostéopathie s’adresse aux patients de tous âges, allant du nourrisson au senior, et de tous types, de la femme enceinte au sujet sportif. Elle agit essentiellement à titre préventif, dans le but d’aider le corps à se maintenir en santé, et sur les troubles d’ordre fonctionnel (c’est-à-dire les troubles qui ne sont pas liés à une pathologie ou à une atteinte structurelle). Mais elle peut également trouver sa place dans la prise en charge de pathologies avérées ou de handicaps sévères, en complément des soins proposés par la médecine conventionnelle (traitement médicamenteux, infiltrations, rééducation kinésithérapique, opération chirurgicale…), afin d’aider le patient à retrouver un certain bien-être.
Pour en savoir plus sur les motifs qui peuvent vous amener à consulter un ostéopathe, c’est par ici !